Au coeur du pouvoir russe by Tania RAKHMANOVA

Auteur:Tania RAKHMANOVA [RAKHMANOVA, Tania]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: La Découverte
Publié: 2016-06-25T04:00:00+00:00

La marionnette s’affranchit de ses maîtres : Poutine se débarrasse de la Famille

L’opération de contrôle des médias n’est qu’une des premières actions menées par Vladimir Poutine pour établir son système de pouvoir. Il doit aussi se débarrasser de ses maîtres, ceux qui l’ont conduit au pouvoir pour qu’il gouverne le pays en écoutant leurs ordres (voir supra, chapitre 3). La première à quitter les feux de la rampe sera ainsi la famille Eltsine : le président sortant, sa fille Tatiana et son mari Valentin Ioumachev, l’homme qui avait mis en scène le départ de Boris Eltsine (voir supra, chapitre 5).

L’ancien président russe prononce son dernier discours public le 7 mai 2000, lors de l’investiture de Poutine. Il demande à son successeur de prendre soin de la nouvelle Russie démocratique et de continuer ses réformes. Le nouveau président, on l’a vu, promet de continuer la politique de son prédécesseur, ce qui à l’époque paraît évident à tous, d’autant que personne ne doute alors que Boris Eltsine ne reste très présent dans les coulisses du Kremlin. C’est probablement une des raisons pour lesquelles le président américain Bill Clinton, lors de son voyage à Moscou en juin 2000, tient à se rendre en privé chez l’ancien chef de l’État, dans sa résidence à la campagne : « Le président Clinton a eu une discussion très franche avec Eltsine, m’a expliqué Stephen Sestanovich. Ils ont longuement parlé de l’avenir de la démocratie russe. Le président américain a dit qu’il espérait qu’Eltsine conserverait de l’influence au Kremlin. Il avait confiance dans les convictions démocratiques de l’ex-président, alors qu’il était beaucoup moins sûr de l’attachement de Poutine à la démocratie. Il pensait que cet homme ne la portait pas vraiment dans son cœur13. »

Boris Eltsine a rassuré son ami Bill : il veillerait à ce que les réformes entamées après la chute du régime soviétique se poursuivent. Il est difficile de dire s’il croit lui-même alors à ses promesses ou s’il veut seulement rassurer ses partenaires américains. Le premier président de la Russie postsoviétique est un vieux renard, avec plus de quarante ans d’expérience des intrigues au sein de la nomenklatura : serait-il si naïf ?

Six mois plus tard, en décembre 2000, quand Poutine propose à la Douma de réintroduire l’hymne de l’URSS qui avait été écrit pour Staline, Eltsine critique publiquement cette proposition, dans une interview accordée au quotidien le plus populaire du pays, Komsomolskaïa Pravda14. Il ne fait qu’exprimer l’opinion de beaucoup des Russes qui, comme Rouslan Aouchev, l’ancien président de la République d’Ingouchie, demandent que la Russie démocratique renonce à tous les symboles staliniens pour construire sa propre symbolique : « L’Union soviétique n’existe plus et je suis un de ceux qui le regrettent amèrement, m’a-t-il affirmé en 2005. Mais elle est morte, il y a un nouvel État, la Fédération de Russie, et il faut qu’elle ait une nouvelle symbolique. Il aurait fallu créer un nouvel hymne, un nouveau drapeau et un nouveau blason. C’est ce que j’ai proposé plusieurs fois. Mais

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.